#9 : Customisation
Sans me vanter, j’ai plutôt bien réussi la déco de l’appart et je m’en félicite chaque jour. Notamment les jours où je rentre fatiguée à la maison, et que la première chose que je fais alors pour recharger mes batteries est de m’installer dans le canapé pour boire une tasse de thé. Aaaah, je profite de la sérénité du décor, comme c’est agréable, je me détends, tout est beau, la vie est belle. Quoique… Il y a quand même un détail qui me crispe. Et qui me crispe d’autant plus que ça fait des mois que je chante « je m’en occuperai, je vais faire quelque chose pour ça, j’ai plein d’idées, la la la. ». Ça ? C’est quoi ? C’est la table basse. Modèle ik** pas cher, achetée en 2006. Très pratique puisque pas trop grande, mais elle a vraiment mal vieilli. C’est sûrement la rançon du « pas cher ».
Ne criez pas, je sais, moi aussi ça me blesse l’œil, ces endroits où le revêtement a sauté, ces endroits où il a gonflé, ces endroits où Romain a tant et si bien gratté avec une éponge verte qu’il a rayé le revêtement…
Mais rien n’est perdu ! Une table basse à récupérer, une Chloé imaginative et on va retrouver l’harmonie dans le séjour ! Prêts pour l’atelier ? Attendez… je me coupe le poil dans la main… voilà, on peut commencer ! 
Je ne me suis pas décidée hier soir par hasard, j’avais le matos sous la main depuis un moment. J’avais d’abord envisagé de poser un lé de papier peint sur la table avant de recouvrir d’un carreau de verre, comme j’avais vu dans un magazine, mais j’avais beau avoir écumé les rayons papier peints de bricomachin et castobidule en septembre, point de papier à mon goût, donc projet qui tombe à l’eau, plouf !
Idée suivante, peindre la table en vert sapin n°X, la couleur que j’avais utilisée pour les moulures, la table et ses deux chaises et les p’tits cubes. Bof. Trop de vert tue le vert, j’avais envie d’être plus subtile que ça.
Et il y a un ou deux mois, je vais à lecle** pour de l’alimentaire, et là, miracle ! En tête de gondole, mis en valeur par une lumière divine agrémentée d’angelots soufflant dans des trompettes et d’un chœur clamant « Alleluia », des papiers adhésifs Venil** ! Et pas des motifs mémère, hein, du moderne, du contemporain ! En un clin d’œil mon œil de décoratrice avisée repère les deux rouleaux qu’il me faut : le premier, uni, est exactement du même mauve que la nappe de la grande table, c’est parfait. Et le second est composé d’arabesques dans des tons de gris. Le lendemain, je traîne Romain vers ledit rayon pour voir si ça lui plaît aussi, et bingo ! On passe en caisse avec les deux rouleaux.
Si j’ai rapidement utilisé l’adhésif à motif pour rendre une seconde jeunesse aux p’tits cubes, la table basse restait un sujet épineux : trop d’idées, comment choisir ? Je me suis d’abord arrêtée sur un projet ambitieux : tapisser la surface de la table de mauve et créer une silhouette de branche feuillue (façon sticker) avec le rouleau à motifs. Excellente idée, mais vu la durée d’exécution aisément prévisible, on va la reporter à la période lointaine où je serai en maison de retraite et n’aurai que ça à faire de mes journées.
Je passe sur les autres projets, farfelus, géniaux ou simplissimes que j’ai eus, pour passer à celui que j’ai retenu : j’ai nommé le projet « chemin de table » ! Sobre mais élégant, réalisable sans complications, il est l’heureux gagnant de mon concours d’idées. Le principe est d’obtenir un plateau mauve traversé dans sa longueur par bande à motifs. Efficace, non ?
En tout cas, la machine est lancée, je sors tout le matériel et commence à prendre les mesures. Il faut tout calculer avant de découper, et bien penser aux centimètres en plus pour les raccords, sinon on risque d'avoir des soucis quand l'adhésif se rétractera. Histoire que les bandes soient bien droites, je prépare aussi des marques au crayon de papier sur le plateau de la table.
Voila ce qui se passe quand on ne pense pas à soigner les raccord ! Les panneaux s'écartent ça ne ressemble plus à rien 
On décolle les pieds puisqu’il faudra passer le retour en dessous, on vérifie avant de coller si tout va bien au niveau des dimensions…
Et c’est parti, on respire un grand coup et on commence à coller. Attention aux bulles, tout se passe bien. J’ai réquisitionné deux livres pour m’aider. Ben oui je fais ça toute seule, je veux faire la surprise à Romain, et tant pis si ça me complique la vie !Une fois que la bande est collée sur toute sa longueur je peux me détendre et arrêter de transpirer. Quoiqu’il reste les petites découpes pour les bords du plateau, attention cutter, je range mes doigts à l’abri.
Yihaaa ! La première bande est posée ! C’est un jeu d’enfant de découper la seconde pile poil aux mêmes mesures et de la coller suivant la même méthode. Ça commence à prendre de la gueule, non ?
Après une bonne nuit de sommeil, sur laquelle je comptais pour vérifier si les choses allaient bouger (on ne sait jamais, imaginez l’apparition d’une grosse cloque au milieu d’une bande !), j’ai taillé vite fait bien fait la dernière bande et je l’ai appliquée les doigts dans le nez. Alors, elle est bien rénovée ma table basse ? Ce qui est sûr, c’est que maintenant je n’aurai plus honte de servir l’apéro sur cette table ! (Je me revois encore : « Ce ne sont pas des tâches, c’est le revêtement qui a sauté ».)
